Le messager
Qui veut avoir vue sur la vision met son œil dans sa poche
Hors du champ lumineux des êtres et des choses rien ne demeure, et le temps réinvente ses ruines
La présence unit le doute au songe
L’amour est là sur le ciel de nos corps
Spectre d’une mémoire à venir, est-ce une buée de sable l’illusion d’un aimant ou des lèvres calcinées?
La clarté murmure
d’exil en exil
entre des pierres plus égarées
que des étoiles
Mise à sac des ténèbres et du vent
L’aube attend d’un voile l’autre l’envol d’un oiseau
Partir
c’est revivre un peu le cœur plus grand que les yeux
La vie comme reflet d’eau de source sur la peau vive du regard
A la lisière on cherche une aile déchirée
Jusqu’à quitter son calque et son trouble
Empreinte de l’absence où nidifie l’éclair, l’orage s’est mis à l’ancre d’un grand rêve éveillé
Jeu du destin
et du vide
ô visage de poussière
entre visible et feu
Ce ne sont que traces du bord de l’énigme qu’oracles de dieux fous
Comme une ombre
parfois
sait éclairer la nuit
Personne ne tient la frontière qui mène du signe au songe
Nul passeur n’accompagne le passage ni l’oubli où vient se disperser le masque des chimères
Le souffle effleure une image qui hante et le givre et le sel
Du miroir il ne reste qu’une trame désertée
Après ce mirage il en est un autre en creux sur l’horizon
On y place un refuge, l’espace peut-être de gestes limpides de pensées sans bagage
En ce pays l’éphémère garde le goût des fées
Rien n’existe vraiment
sinon le halo
d’une bouche lointaine
Créature d’air à la démarche trouée l’accidentel couvre tes épaules de cendres
Tu es le corps de ton exil sans nom sans descendance, le chemin que tu suis t’éloigne infiniment
Regard
où l’errance
s’enracine
Le messager de la lumière s’est brûlé pour une ombre