Cités
Cités
debout sur la mappemonde
Bribes dans l’espace
Colosses en nos regards
Capitales
défaites et renaissantes
Métropoles
vivaces et mutilées
J’écoute vos battements à la frange des astres
J’entends vos rumeurs dans la boucle des saisons
II
Cités
Aux fontaines qui s’épanchent
Aux chantiers qui s’érigent
Aux fenêtres qui accolent
Le dehors au dedans
Cités
Aux foules qui se resserrent
Aux foules qui se dissipent
Aux foules qui se relient
Je dérobe et m’attache à la brèche d’un sourire à l’échange d’une parole à l’étang d’un seul regard
III
Je vous salue
Villes sans herbage
Boulevards sans plaines
Avenues sans vergers
Je salue
L’aube qui grimpe à vos murs
L’ombre qui les obscurcit
Le troupeau des pavés
L’oraison des poussières
Les lanières de l’asphalte
L’arcade parmi les pierres
L’impasse qui se refuse
Le jardin qui convie
IV
D’autres fois
Cités
Je dénonce tes gangrènes
Tes labyrinthes fétides
Tes craquements d’épouvante
Tes ruelles de sang
D’autres fois
Je maudis
Tes cloisons sans lucarne
Tes gouffres sans passerelle
Tes arbres sans poumon
Ta misère avide
L’horizon aboli
V
En ce jour
Je célèbre
La giclée des images
L’océan des visages
Les routes qui lèvent l’ancre
Les trottoirs amarrés
En ce jour
Je rends grâce
A nos lieux de passage
Au béton qui nous toise
A l’oiseau saisonnier
A tout ce métal frotté d’air
A toute cette pierre percée de vitres
A ce brin d’herbe qui s’obstine
A cette demeure plombée d’âge
A cette bâtisse retissée
A l’îlot des trois platanes
Au fleuve du long récit
Aux statues sans trépas
Et aux passants qui passent
Je salue nos
Cites ces tréteaux de l’histoire
Leurs tréfonds de siècles plantés dans l’avenir
Les parades du printemps sur les maisons en ruine
Sur la page des murailles les salves d’un jeune été
VII
Tandis que nous allons en marche inexorable
Tandis que nous allons vers l’immobilité
Je salue nos
Cités qui s’enlisent et s’innovent
Leur carrure
Leurs balafres
Leurs fièvres
Leur durée