Dedans
Porté par les fonds
Les anneaux se desserrent
La jauge bascule
Les morsures se gomment
Les étendards du quotidien ont pâli
Ma rétine s’inverse
Je dérive et je glane :
irruptions fabuleuses poumons d’images floraison de graines refusées paysages sans filiation inventaire jamais dévidé grange jamais tarie
Continents figures tribus qui me peuplent fermentent et cristallisent
Porté par les fonds
Je deviens multitudes
J’ai l’œil plus vaste que regards
Je marche plus loin que mes pas
le toucher des choses
2
Il arrive qu’à paupières closes
Je surplombe ce corps sans volume s’élevant dans l’air fertile
glissant à ras du sol dans le toucher des choses
au monde parallèle de la mort
3
D’autres fois
Toute image consommée
Toute pensée dissoute
Je cède à corps perdu
au monde parallèle de la mort
le sang stagne
4
Dans les cordages du sommeil
Je me bats en champs clos
J’esquive de tous côtés
Le gant des terreurs
me frappe au creux du ventre
Calamités et chagrin me saisissent
Le sol se fissure
Les dangers talonnent
Je lutte je tremble
Je cherche l’issue
La terre capte mes chevilles
Des nasses entravent mes genoux
Dans ma chair immobile le sang stagne
5
Parfois une lucarne injectée d’aube crible le carcan des ombres
Alors je me sais en sommeil
Je nomme « cauchemar » ce cauchemar
Adossé au pilier de la mémoire
Me retenant aux racines de l’être
J’attends l’hémisphère des jours
Je me fie au matin proche
Je patiente