Post-scriptum
Si j’ai pesé
Rien que du poids d’un oiseau
Sur le flot noir de ta mort
Quelle tristesse sans repos
Comme on est près
Comme on est loin
De voir le fond de l’eau
Dans ton abîme
La plus brûlante étoile
Te glaçait
La joie entrait en prison
La douceur se jetait sur toi
Comme une louve
Mais tu disais que ma voix te gardait
Comme l’aile d’un ange
Tu me disais qu’entre les pierres
L’herbe stérile se couvrait
De papillons mûrs
De l’incommunicable
Plainte, de l’épouvante sans visage
Dont tu cherchais le nom
Ineffable
Je n’ose m’approcher sinon
Par le bas de la page
Indigne et demandant pardon
Tu fus si digne
Pauvre de tout au monde
Hors la douleur
Ta voix même te fut ravie Qui était le tilleul en fleurs Qui était l’oiseau-lyre Qui fut la sœur Au fond de la nuit
La misère de chaque jour Tu la prenais en toi Comme l’hostie
Le temps passa
Doux déchirant
La mort était là
Emondant
Le cœur et creusant à l’avance
L’absence
La cage pour toi s’est ouverte
Tu as volé jusqu’au cœur de la nuit
Cendres phosphorescentes limaille
Illuminée rubis éternel rubis
Sur l’herbe de minuit
Mais n’est-ce à moi qu’en partant tu laissas
L’inguérissable blessure de vivre
Et pourtant ne serait-ce là
Notre plus beau chemin
Je ne veux rien
Qu’on me laisse les ronces les épines
Le silence sans lignes
Où tu trouvais les mots
Qui lavent la terre