Le jeu
Oh ! ne jouez jamais, laissez l’homme courir
De l’or et du hasard cette chance vulgaire ;
Les anges dans le ciel, les femmes sur la terre
N’ont reçu du Seigneur des mains que pour bénir.
Le jeu sauve d’aimer, ou, s’il nous faut subir
Sans espérance hélas ! quelque amour solitaire,
Il endort par degrés notre sombre chimère,
Et, s’il ne rajeunit, console de vieillir.
Mais vous, cœur noble et pur, jeunesse sans orages,
Mêler à vos pensers de profanes images,
Semer le grain de Dieu dans ces sillons ingrats !…
Oh, non ! en écoutant cette langue nouvelle
Autour de vous peut-être on se dirait tout bas :
— La voix est d’elle encore, mais l’âme était plus belle.