L’idéal du poète
Pour créer sa Vénus, le statuaire antique
Aux vierges de son temps prenait ses traits divers,
A l’une le sourire ou la grâce pudique,
A l’autre le regard plein de tendres éclairs.
Ainsi va le poète, au sein de l’univers,
Cherchant de belle en belle, et sous un nom mystique
Dans sa forme inspirée, ardente, symbolique,
Animant l’Idéal qui doit vivre en ses vers ;
Et comme aussi parfois Myron ou Praxitèle
Oubliait (on est homme) aux genoux du modèle
L’idole qu’attendait l’auguste piédestal,
Le poète souvent pour une douce image,
Au milieu de la foule entrevue au passage,
Laisse au fond de son cœur pâlir son Idéal.