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Ô muse, avais-je dit, que me font tes merveilles ?
Elles n’enchantent plus la scène où nous passons.
Pour consoler du jour le ciel a fait les veilles,
Laisse-moi le plaisir et garde tes chansons !
Et je livrais mon cœur, et j’ouvrais mes oreilles
Aux lyres de la terre, à leurs profanes sons,
Ce monde était mon Dieu, dans ses coupes vermeilles,
Ô muse, je buvais l’oubli de tes leçons.
Ah ! c’était vainement; et ces folles ivresses
Ne valaient pas, ô muse, un jour de mes tristesses,
Lorsqu’assis à tes pieds j’endormais ma douleur.
J’étais bien malheureux, mais une voix charmante
M’appelant : — « Va, dit-elle, sois meilleur, et chante.
Et la source des vers s’est rouverte en mon cœur.