Sigalon
« — Viens, laisse-là ces morts, lui disait Michel-Ange, »
Et son doigt dédaigneux montrait le Jugement ;
« Sur ces murs où tout passe, en ce monde où tout change,
L’œuvre s’use, et le nom ne survit qu’un moment.
Viens, tu verras là-haut la beauté sans mélange,
Celle que ton génie évoque vainement ;
Toute image terrestre a sa tache de fange :
Dieu n’a fait d’astres purs que pour son firmament. »
Et lui, pour obéir à cette voix divine,
Moins triste, le matin, a quitté la Sixtine,
Et le soir il était sur le chemin des cieux,
Oubliant qu’il laissait, après lui, sur la terre
Des cœurs qu’en s’exhalant sa parole dernière
Ne trouverait pas prêts pour de si longs adieux.