Le retour
Il est une saison où le temps n’a point d’ailes,
Où, tandis que la terre est veuve de ses fleurs,
De nos bois dépouillés habitants infidèles,
Loin d’eux les rossignols vont chanter leurs douleurs.
Vous avez fui comme eux, ô vous dont la présence
Pouvait seule embellir des jours si ténébreux ;
Ajoutant à leur deuil celui de votre absence,
Emma, vous avez fui sous un ciel plus heureux.
Là peut-être avez-vous retrouvé le feuillage ;
Là sans doute l’hiver était moins triste aussi :
On dit qu’il a glissé pour vous, mais son passage,
Ah ! Vous ne savez pas comme il fut lent ici !
Mais tout à coup les jours sont devenus moins sombres ;
Si quelquefois le ciel est encore obscurci,
Un céleste regard en dissipe les ombres ;
A nos yeux l’horizon s’est enfin éclairci.
Que le soleil est beau ! Sur nos donjons gothiques,
Jamais il ne brilla plus pur, plus radieux !
Jamais, jamais printemps dans ces remparts antiques
Ne se vit salué par des cœurs plus joyeux.
C’est qu’il n’embellit pas seulement la nature,
Son souffle en ce moment toujours la ranima :
Mais il ne lui rendait que ses fleurs, sa parure ;
Cette année il fait plus, il vous ramène, Emma.