Au général Bonaparte
(Après la paix de Campo-Formio.)
Aucune gloire désormais
Ne vous sera donc étrangère ?
Et vous savez faire la paix
Comme vous avez fait la guerre !
Autant que l’intrépidité
Qui vengea l’honneur de la France,
J’admire, au moins, cette prudence
Qui lui rend sa tranquillité ;
Qui dans les chemins des conquêtes
A su s’arrêter à propos,
Et préférer notre repos
À tant de palmes toutes prêtes.
L’art des illustres meurtriers
A son prix au temps où nous sommes,
J’en conviens ; mais les grands guerriers
Ne sont pas toujours de grands hommes.
L’olivier, au front de Pallas,
Votre modèle, votre emblème,
Avec le laurier des combats
Ne formait qu’un seul diadème.
Ceignez ces feuillages rivaux
Que vous décernent les suffrages
De la déesse des héros :
C’était aussi celle des sages.
Si la valeur, l’humanité,
Sont les vrais titres à la gloire,
Chaque page de votre histoire
Contient votre immortalité.
Écrit en 1797.