Le dieu des arts, le dieu des vers
À l’ami que je ne connais pas.
Le dieu des arts, le dieu des vers
A souvent consolé ma peine ;
Entre Voltaire et La Fontaine,
Oui, j’oubliai plus d’un revers.
Oui, grâce aux fruits de ma retraite,
Mon nom est encor répété
Au doux pays que je regrette,
Et dont je me sais regretté.
Charmez ainsi votre souffrance,
Compagnon d’exil et d’honneur,
Noble ami qu’un heureux malheur
M’a fait trouver loin de la France.
Ne soyez dans l’adversité
Ni fier, ni faible, ni frivole ;
Et que l’étude vous console
D’un supplice non mérité.
Puis disons, en pesant nos chaînes :
Dieu nous éprouve ; ainsi soit-il.
Celui qui tonne sur les chênes
Peut bien grêler sur le persil.
Ainsi font les rois de la terre,
Et tout va bien. Bon roi des cieux !
Tout n’irait-il pas encor mieux
S’ils avaient fait tout le contraire ?
Écrit à La Haye, en 1818.