Les guèbres et l’astronome
Fable VIII, Livre II.
L’astre du jour rentrait dans sa carrière ;
Les Guèbres l’adoraient. Quelle divinité,
Disaient-ils à genoux, au sein de la poussière,
Oserait avec toi disputer de beauté ?
Ton domaine est l’immensité !
Ta durée est l’éternité !
Et ta présence la lumière !
Rien de parfait que toi dans la nature entière.
Parfait ! dit un docteur à mes dévots surpris,
Quoique aussi bien qu’un autre il baissât la paupière ;
Parfait ! y pensez-vous ? parfait ! Pauvres esprits !
Apprenez donc combien votre erreur est grossière ;
Sachez qu’en plus d’un point le soleil est taché.
Non, ce n’est pas tout or que ce roi des planètes.
À vos yeux, j’en conviens, ce mystère est caché ;
Mais il est clair pour nos lunettes.
C’est peut-être y mal voir qu’y voir mieux qu’il ne faut.
Censeurs trop scrupuleux, ma fable est votre histoire.
Dans Delille, un Clément a vu plus d’un défaut ;
Mais grâce à tout défaut qui se perd dans sa gloire.