La Part en Trop

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par Armand Gatti
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(extraits)

Lui dans sa démesure.

Nous derrière cette démesure

le suivant (image par image) sans jamais le trouver

mais sachant qu’il n’y a pas d’autre route

pour se rendre sur les lieux

de la bataille aux dizaines d’identités

que celle du passeur.

(Une part libertaire en exil aux quatre coins du monde

une part combattante sur l’horloge espagnole

une part émigrée vers d’autres combats

une part emprisonnée dans les passages des montagnes

une part coincée dans les strophes de
L’Internationale…)

Chaque fois il y a une part en trop.

Celui qui vient de l’autre côté du lac

ILe spectateur peut-il à travers les morts de la guerre civile plantés aux quatre coins du monde devenir son propre spectacle ?

une part alouette montant à la verticale des lieux de la tuerie

une part oiseau migrateur faisant le tour du monde une part rouge-gorge dans la rigueur hivernale.)
Toujours une part en trop.

*

Le regard du coyote

Verticalité de la mort

(nommée sur les plans de tourisme :
Entrée des incroyants)

comme s’il s’agissait d’ajouter une part en plus

au portrait-robot.

Le passeur fait de ces incroyants

un de ses lieux de passage.

Huit voyelles et onze consonnes bout à bout

cartes que l’histoire garde

pour dire qu’elle a encore un jeu qu’elle peut abattre.

Trois pierres

(essentiellement du vide avec quelques tourbillons

d’atomes — plus le physicien avance, plus le réel

devient insaisissable).
Le réel est là — et il n’y a rien.
Menée par lui

la légende déborde quand même de tous les côtés.

*

Celui des signaux de fumée sur la montagne

Il reste leurs noms.
Dans leurs visages d’alors

la sentence de mort n’est pas entrée.
Elle est restée au-dedans, flamme blanche.

MORT
EXIL
PRISON

Image après image ils ont traversé

tous les moments du portrait-robot.

La triangulation est née d’eux, avant de se multiplier.

Les montagnes que traversent les révolutions perdues

continuent à dérouler leurs soliloques

en dehors de toute commémoration.

Ceux qui contre toutes les haltes

se sont voulus trajets entiers

voient les portes se refermer

lorsque le chien de la mémoire

s’aventure sur les ziggurats pyrénéennes

qu’ils ont eux-mêmes tracées, une imprimerie sur le

dos.
La triangulation, ils l’ont continuée avec le garrot et la rafale en pleine rue.
La bataille, tous croient l’avoir gagnée eux seuls l’ont perdue.

Impossible de retrouver les siens parmi les siens de s’y nommer.

On les voit avec l’éternelle part en trop soudain mûrir dans une parole et avancer dans la nuit des robots.
Mais qui avance avec eux ?

Armand Gatti

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