Adieux à une comédienne
Au seuil de la maison dont vous étiez l’exemple,
Nous demeurons pensifs, alors que vous partez,
Alexis ! — Car, en vous, notre regret contemple
L’honneur de tant de jours par des succès comptés !
Un demi-siècle est là qui garde la mémoire
Des types immortels que votre âme anima.
Un demi-siècle entier que l’Art, dans son histoire,
Met votre nom vaillant prés des noms qu’il aima !
Et ce temps de travail qui vous fut long peut-être,
Nous fut trop court à nous qui venions, chaque soir,
Comme des fils pieux au foyer de l’ancêtre,
Jaloux de vos leçons nous instruire à vous voir !
Ah ! c’est le public seul que vous quittez ! Nous autres,
Nous vous gardons en nous, étant par vous formés :
Nous sommes vos enfants ! Nos succès sont les vôtres !
C’est vous qu’on applaudit en nous que vous aimez !
Et vous serez toujours de cette troupe élue
Que garde de l’oubli le souvenir vainqueur,
Alexis ! — Car, en vous, notre respect salue
L’artiste au noble esprit et la mère au grand cœur !
Juillet 1881.