Le premier givre

Arsène Houssaye
par Arsène Houssaye
1 vues
0.0

L’hiver est sorti de sa tombe,
Son linceul blanchit le vallon ;
Le dernier feuillage qui tombe
Est balayé par l’aquilon.

Nichés dans le tronc d’un vieux saule,
Les hiboux aiguisent leur bec ;
Le bûcheron sur son épaule
Emporte un fagot de bois sec.

La linotte a fui l’aubépine,
Le merle n’a plus un rameau ;
Le moineau va crier famine
Devant les vitres du hameau.

Le givre que sème la bise
Argente les bords du chemin ;
À l’horizon la nue est grise :
C’est de la neige pour demain.

Une femme de triste mine
S’agenouille seule au lavoir ;
Un troupeau frileux s’achemine
En ruminant vers l’abreuvoir.

Dans cette agreste solitude,
La mère, agitant son fuseau,
Regarde avec inquiétude
L’enfant qui dort dans le berceau.

Par ses croassements funèbres
Le corbeau vient semer l’effroi,
Le temps passe dans les ténèbres,
Le pauvre a faim, le pauvre a froid

Et la bise, encor plus amère,
Souffle la mort. — Faut-il mourir ?
La nature, en son sein de mère,
N’a plus de lait pour le nourrir.

Arsène Houssaye

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Arsène Houssaye

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Vos mots sont des étoiles dans notre nuit poétique. Allumez notre firmament.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Découvrez d'autres poèmes de Arsène Houssaye

Aucun poème populaire trouvé ces 7 derniers jours.

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.