Le hameau
Le hameau n’est qu’un tas sombre dans la falaise ;
L’océan, sur la grève où flotte une lueur,
Exhale un long soupir qui monte et qui s’apaise,
Comme un être oppressé d’un éternel malaise ;
Ce rythme tout-puissant pénètre dans mon cœur,
Et d’un si grave poids sur ma détresse pèse
Qu’il me semble à présent que ma faible douleur
Ne soit plus qu’une voix en un immense chœur
Où montent la souffrance et l’angoisse du monde,
Et que mon propre ennui, de lui-même oublieux,
Dans ces vastes chagrins se mêle et se confonde.
Mais tout à coup se rompt l’accord mystérieux,
Et mon âme se sent aussitôt si profonde
Que tout ce bruit s’y perd comme un cri dans les cieux.