Tes chagrins abolis
Va ! tu triompheras, ô noble bien-aimée !
De cet amour sacré qui fait saigner ton âme
Sort infailliblement et s’écoule un dictame
Par lequel tu seras guérie et parfumée !
Tes enfants grandiront, hélas ! entre nous deux :
Leur vie, ainsi qu’un mur tourné vers le soleil,
Dont les bourgeons éclos font un rideau vermeil,
Montera, te cachant mon destin ténébreux ;
Tu songeras, de moins en moins, que ma pensée
Meurt de l’autre côté, fleur dans l’ombre blessée ;
Dans ton cœur lentement tu redeviendras seule ;
Et cette floraison, dont une âme d’aïeule
S’emplit aux premiers mots confus d’un petit-fils,
Couvrira pour jamais tes chagrins abolis.