Un cœur
Sitôt que j’eus le franc usage de mon cœur,
Je le mis en des mains qui s’ouvraient pour le prendre ;
C’étaient de douces mains, si belles de blancheur,
Dont le toucher était délicieux et tendre.
Heureux et frémissant de les sentir sur lui.
Mon cœur, comme un oiseau, resta dans leur caresse ;
Les vents n’ont parfumé, le clair soleil n’a lui
Qu’à travers leur tiédeur de nid et leur mollesse.
Mais, un jour, ces deux mains aux fins doigts cerclés d’or,
Devinrent brusquement glaciales et roides,
Et, le serrant toujours par un dernier effort,
Se crispèrent sur lui dans des étreintes froides.