Le regret des bordels
La conn’rie qu’on a faite en verrouillant les claques,
en balançant du coup tout’s les souris dehors !
Ça méritait d’autor un’ volée d’pair’s de claques,
mais, comm’ disait papa, tous les cons sont pas morts,
Voilà des pauv’s gamines qui vivaient en famille,
qui r’cevaient vaill’ que vaille un peu d’éducation
et qui sont désormais sans soutien, les pauv’s filles.
La conn’rie qu’on a faite en fermant les boxons !
Mon père, il s’en payait de la lanterne rouge,
il y cassait sa s’maine et tous les sam’dis soirs
ma pauv’mère le cherchait tout’ la nuit dans les bouges ;
lui ronflait au bordel, toujours complèt’ment noir.
Les putains le bordaient, lui faisaient des papouilles,
soit des trucs inédits, soit des spécialités.
Moi j’osais pas y aller, j’avais bien trop la trouille,
et quand l’courage m’est v’nu, ils étaient supprimés.
La conn’rie qu’on a faite en fermant les bordels,
en obligeant l’brav’ monde à baiser n’importe où !
Ma tante en avait un, je n’parle pas pour elle,
vu qu’la vache en claquant m’a rien laissé du tout,
mais vraiment, quand je pense au destin d’mes frangines
qui douées comme ell’s étaient s’raient sous-maîtresses maint’nant,
je m’dis qu’la république est bien dans la débine
et qu’on a mis l’bordel rien qu’en les supprimant…