Ô Beauté nue
Ô Beauté nue à jamais solitaire,
Élève ton corps blanc du milieu des fougères
Et laisse que le souffle ingénu du matin
Caresse ton épaule et le bout de ton sein ;
Laisse sous le jour bleu qui coule des ramures
S’élever noblement parmi ta chevelure
Ta forme svelte et songe au vaporeux murmure
Des feuillages traînants et des bouleaux pleureurs.
Dans une brume douce au loin la ville meurt
Et fume sur les monts où l’église s’envole
De l’essor infini de ses tourelles folles ;
Et le long des coteaux en un tournant chemin
La file nébuleuse et vague des humains
Regagne lentement ses murs pleins de mystère.