Au café
Le rêve est de ne pas dîner,
Mais boire, causer, badiner
Quand la nuit tombe ;
Épuisant les apéritifs,
On rit des cyprès et des ifs
Ombrant la tombe.
Et chacun a toujours raison
De tout, tandis qu’à la maison
La soupe fume,
On oublie, en mots triomphants,
Le rire nouveau des enfants
Qui nous parfume.
On traverse, vague semis,
Les amis et les ennemis
Que l’on évite.
Il vaudrait mieux jouer aux dés,
Car les mots sont des procédés
Dont on meurt vite.
Ces gens du café, qui sont-ils ?
J’ai dans les quarts d’heure subtils
Trouvé des choses
Que jamais ils ne comprendront.
Et, dédaigneux, j’orne mon front
Avec des roses.