Dans tous mes rêves, c’était vous
Dans tous mes rêves c’était vous !
Vous étiez belle,
Et je tombais à vos genoux :
Ou si, rebelle,
Quand vous me donniez un doux nom,
Je disais : « Non !.. »
Je vous voyais, vive et boudeuse,
Belle grondeuse,
Sous vos mains cacher vos grands yeux ;
Puis après, avec un sourire
Presque joyeux,
Vous pencher sur mon front, et dire :
« Je vais pleurer
Et je sentais alors mon âme
Se déchirer.
Ô jeune femme,
Reviens me tendre encore les bras,
Ne pleure pas !
Ton sourire est doux ; mais des larmes
Sur tant de charmes,
Sont un filtre mystérieux…
Ne pleure pas, ange aux doux yeux !… »
Vive et légère,
Soudain vous regardiez les cieux ;
Et votre douleur mensongère,
Flot par un autre flot heurté
Et rejeté,
S’effaçait pour ne plus paraître
Comme un éclair,
Comme une larme dans la mer.
A l’heure où l’aurore va naître,
Oh ! que de fois,
Tenant une rose en vos doigts,
Le sein nu, la paupière humide,
Le front timide,
Les sens accablés de langueur,
Rouge et brûlante,
D’amour tremblante,
Posant une main sur mon cœur,
Oh ! que de fois, belle des belles !
Vous m’avez couvert de vos ailes
En frémissant,
Moi, caressant,
Moi, palpitant avec délire,
Et n’osant dire :
« Pourquoi viens-tu de m’embraser ?
Femme, un baiser !…
Je veux un baiser de ta bouche… »
Vous deviniez :
Et sur le duvet de ma couche
Vous incliniez
Tout-à-coup, l’aurore jalouse
De mon épouse
Venait annoncer le départ :
Elle fuyait !… mais un sourire,
Mais un regard,
Mais une bouche qui soupire,
Pleins de regrets, venaient me dire :
« Enivre-toi,
Jeune homme !… Le bonheur, c’est moi !… »