Que la nuit m’enveloppe et dorlote ma peine
Que la nuit m’enveloppe et dorlote ma peine
De toute sa bonté, de toute sa douceur ;
Que les flocons légers de la neige à mon cœur
S’enroulent comme au noir rouet la blanche laine.
La chambre est une tendre aïeule qui me berce
Des chansons qui berçaient mon enfance première,
Et ces chansons font battre et mouillent mes paupières,
Avec l’anxiété des feuilles sous l’averse.
C’est déjà le sommeil où soupirent les choses,
Une agonie indéfinie et le silence
Et l’ombre où l’on entend tinter d’un timbre étrange
L’horloge au cadran jaune enguirlandé de roses.
Nue et câline, sous son voile de dentelles,
L’heure aux doigts sourds, au pas flexible, ah ! vienne-t-elle,
Qui fait mourir les feux au fond des chambres lasses,
Qui fait mourir l’amour dans la cendre des âmes.