Là-bas
Les Bretonnes au cœur tendre
Pleurent au bord de la mer ;
Les Bretons au cœur amer
Sont trop loin pour les entendre.
Mais vienne Pâque ou Noël,
Les Bretons et les Bretonnes
Se retrouvent près des tonnes
D’eau-de-vie et d’hydromel.
La tristesse de la race
S’éteint alors dans leurs yeux ;
Ainsi les plus tristes lieux
Ont leur sourire et leur grâce.
Mais ce n’est pas la gaieté
Aérienne et sans voiles
Qui chante et danse aux étoiles
Dans les belles nuits d’été.
C’est une gaieté farouche,
Un rire plein de frissons,
Ferment des âpres boissons
Qui leur ont brûlé la bouche.
Plaignez-les de vivre encor ;
Ce sont des enfants barbares,
Ah ! les dieux furent avares
Pour les derniers-nés d’Armor !