Requies

Charles-Marie Leconte De Lisle
par Charles-Marie Leconte De Lisle
0 vues
0.0

Comme un morne exilé, loin de ceux que j’aimais,
Je m’éloigne à pas lents des beaux jours de ma vie,
Du pays enchanté qu’on ne revoit jamais.
Sur la haute colline où la route dévie
Je m’arrête, et vois fuir à l’horizon dormant
Ma dernière espérance, et pleure amèrement.

O malheureux ! croisen ta muette détresse :
Rien ne refleurira, ton coeur ni ta jeunesse,
Au souvenir cruel de tes félicités.
Tourne plutôt les yeux vers l’angoisse nouvelle,
Et laisse retomber dans leur nuit éternelle
L’amour et le bonheur que tu n’as point goûtés.

Le temps n’a pas tenu ses promesses divines.
Tes yeux ne verront point reverdir tes ruines ;
Livre leur cendre morte au souffle de l’oubli.
Endorstoi sans tarder en ton repos suprême,
Et souvienstoi, vivant dans l’ombre enseveli,
Qu’il n’est plus dans ce monde un seul être qui t’aime.

La vie est ainsi faite, il nous la faut subir.
Le faible souffre et pleure, et l’insensé s’irrite ;
Mais le plus sage en rit, sachant qu’il doit mourir.
Rentre au tombeau muet où l’homme enfin s’abrite,
Et là, sans nul souci de la terre et du ciel,
Repose, ô malheureux, pour le temps éternel !

Poèmes barbares

Charles-Marie Leconte De Lisle

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Charles-Marie Leconte De Lisle

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Chaque commentaire est une étincelle dans notre feu sacré. Enflammez-nous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Découvrez d'autres poèmes de Charles-Marie Leconte De Lisle

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.