Printemps de guerre
J’étais boueux et las
Et le soir dans les bois
M’étreignait la poitrine.
Je m’étais étendu
Sur un sombre tapis
D’herbes froides et lisses.
Un papillon d’argent
Errait dans l’air inerte
Avant d’aller mourir.
Des troncs d’arbres gisaient
Sciés depuis l’hiver ;
Mais il surgissait d’eux
Des pousses condamnées,
De tendres pousses vertes
Qui regardaient le ciel
Et croyaient au bonheur.
Pour le coeur, nul repos
Pour l’âme, nul sourire
Que celui de la mort !
Je me suis relevé.
J’ai regardé, stupide.
L’herbe longue brisée par le poids de mon corps.
Je me suis mis en marche.