Trève
Blanc matin de décembre où rêve
Un peu la grâce printanière.
Ces loques lourdes d’eau s’élèvent
Aux longs élans d’un vent attiédi.
Le coeur transi se gonfle aussi.
Le grand voile du ciel voyage
Et les gouttes fines et rares
Qu’il abandonne dans sa hâte
Sont agréables à mon front.
Ah ! depuis que je suis un homme
J’en ai vécu, de tels matins !
Et je me chante un de ces airs
Que je connais depuis longtemps;
Un credo vigoureux et tendre,
Un chant dont a besoin mon coeur,
Qui s’accorde une trêve aussi
Pour étroitement réunir
A ce matin ceux de naguère ;
Et pour oublier que je suis
Dans le deuil et dans la guerre.