Songe, songe Mortel, que tu n’es rien que cendre
Songe, songe Mortel, que tu n’es rien que cendre
Et l’asseuré butin d’un funeste cercueil,
Porte haut tes desseins, porte haut ton orgueil,
Au gouffre du neant il te faudra descendre.
Qu’est enfin un Cesar, et qu’est un Alexandre
Dont les armes ont mis tant de peuples en dueil ?
Ils sont où les grandeurs doivent toutes se rendre
Et toutes se briser comme contre un écueil.
Que ces exemples donc ton esprit humilient,
Et que tes vanitez sous de tels Roys se plient,
Ils furent en leur temps plus que tu n’es au tien !
Cependant il n’en reste après tant de merveilles
Qui furent des humains la perte ou le soustien,
Qu’un peu de poudre au vent, et de bruit aux aureilles.
Vers moraux