La nuit blanche
La salle est bleue.
La boisson est dorée,
remplie de petites gorgées curieuses.
Languissants, des chercheurs
écoutent d’autres invités,
dans une fumée parfumée.
Dans cette tapisserie,
les conversations glissent et respirent,
convexes et concaves.
La salle est rose.
La boisson est pâle.
Furtivement l’air devient épais.
Un rideau dévoile, puis un autre,
des rires nus,
Applaudissements confus,
parmi des ouis désireux
et des nons négligents.
La salle est rouge.
La boisson est transparente.
Les murs suintent.
Les chûtes exagèrent.
Des encouragements titubent des divans.
Les murmures spectraux envahissent la fête.
S’épanouissant, l’air bouillonne.
La salle est orange.
La boisson est finie.
Les lys de tigre tourbillonnent
le long des bêtes persanes.
Des chapeaux melon et des jupons à fleur,
de la dentelle noire et de mouchoirs en soie,
demeurent, demeurent…
Chatouilleuses et frissonnantes, les ombres vacillent.
La salle est brune.
Les verres vides, éparpillés.
Débordées, les bavardages fiévreux,
les chimères se couchent bas,
se racontent des vérités obscures.
Elles respirent la brûlure de l’air,
devenue de la braise.
L’air est bleu, du charbon.
Des saphirs dans de l’eau boueuse,
Leurs silhouettes sont noyées et oubliées.
Les mains instinctives, emmêlées.
La salle est grise.
Les fenêtres sont ouvertes,
La lumière remplit la pièce d’une brise argentée.
Trébuchants, les oursins se réveillent
de dessous les rochers,
et sortent de l’eau salée.
Somnambules,
sous un ciel illuminé
d’étoiles passantes.
Chloe Douglas