Je dis toujours la même chose
Je dis de toi et de la rose Mes poèmes sont évidents Je dis toujours la même chose La vie l’amour la mort le temps
Prenant les phrases toutes faites les vérités de tous les jours je ne suis ni ange ni bête mais je me répète toujours
Je dis de toi et du bonheur et la chaleur d’être avec toi Je dis de toi et du malheur le tourment de n’être que moi
Je dis ce que chacun devine l’a b c de la clef des chants Le fil sans fin que j’embobine n’est qu’un gros fil cousu de blanc
Je me répète et recommence Je ne dis que ce que je sais mon souci mon insouciance mon embarras C’est bien assez
Je me reprends sans fin ni cesse Est-ce vraiment vraiment le même qui dans sa fausse vraie paresse n’est que l’absence de soi-même
Toujours distrait si je médite toujours ailleurs si je suis là qui donc en moi veille et persiste à être moi si malgré moi
Un jour vient où la persistance que j’avais cru perdre à tous vents devient le fil de la constance signant la trace d’un vivant
Ce n’est peut-être que ma mort qui saura bien photographier fini le jeu de j’entre-et-sors cet inconnu qui m’échappait
Il dit toujours la même chose il redécouvre à chaque instant la même évidence morose la même joie qui n’a qu’un temps
Mais un seul fruit songe et s’accroît dans la fleur en métamorphose se répétant moins qu’on ne croit disant toujours la même chose.