Le poseur de questions
Très loin, dans le dedans de mon écorce chaude, dans le noir embrouillé des veines et du sang, le poseur de questions tourne en rond, tourne et
rôde : il veut savoir pourquoi tous ces gens ces passants ?
Le mort que je serai s’étonne d’être en vie, du chat sur ses genoux qui ronronne pour rien, du grand ciel sans raison, du gros vent malappris qui bouscule l’ormeau et se calme pour rien.
Un cheval roux pourquoi ? Pourquoi un sapin vert ? Et pourquoi ce monsieur qui fait une addition, qui compte : un soleil, deux chiens, trois piverts, qui compte sur ses doigts pleins de suppositions ?
Il compte sur ses doigts, mais perd dans ses calculs sa raison de compter, sa raison de rêver, sa raison d’être là, tout pesant de scrupules, et d’être homme vivant sans qu’on l’ait invité.