Les brouillards d’automne
Où serons-nous et quel soleil nous saluera se réveillant quand le brouillard de ce matin d’automne aura replié
sa voilure d’eau grise les sourdes dormantes nappes indécises et transies qui
laissent sommeiller la terre dormeuse Où serons-nous au sortir du tocsin silencieux de la
brume et quel paysage immergé renaîtra de cette fausse absence
Écoute l’eau goutte Une voix (de quel enfant) Des
sabots qui traînent (d’où) Un rire suspendu dans la route qu’on ne voit pas dans le matin laiteux
et qui respire à peine Ah si je pouvais retrouver mon chemin dans les
brouillards d’octobre est-ce toi est-ce, J’-enfant de ton enfance que je
rencontrerais la petite fille de six ans qui portait son cartable en
allant à l’école
Est-ce lui le petit garçon tout taché de rousseur à la
pèlerine déjà alourdie d’eau qui apprenait à lire et à écrire dans le syllabaire
Regimbaud est-ce moi cet autre d’autrefois qui joue avec toi à la
marelle entre Ciel et Enfer Est-ce nous deux d’avant nous deux Est-ce nous deux
d’avant cette aurore percluse
Mais revient le soleil La brume va dormir dans ses
légers repaires Il n’y a plus ici que deux grandes personnes et même plus les pas sur la route incertaine des deux enfants qu’ils furent autrefois lors d’un très autre automne au-delà du brouillard et
des bois résignés et de l’eau goutte à goutte qui nous rêve en sourdine
O brumes de l’automne Matins O pas perdus