Les urnes de julie
Peu à peu s’affaiblit mon écorce mortelle,
Je reverrai bientôt ce qui me fut si cher ;
Je dresse sur un mont un odorant bûcher,
Que je vais allumant moi-même de mon aile.
Je porte au flanc la mort, son trait et sa quadrelle,
Et soupirant ma fin que je sens approcher,
Je fais de mes deux yeux un grand fleuve épancher,
Pour baigner l’urne sainte où repose la belle.
Le cygne blanchissant dessus le mol cristal
De caystre aux doux flots chante l’hymne fatal,
Et les funèbres sons de la mort qui l’appelle :
Ainsi sur l’arbre sec et les nuits et les jours,
Cachée au fond d’un bois la chaste tourterelle
En lamentable voix soupire ses amours.