Sur la route de Charenton
Enterrement étrange !
Un ange
Est cloué dans un cercueil.
Quatre lourdes guitares
Bizarres
Cahotant, mènent le deuil.
Dans une âcre fumée
Formée
Par les pipes de l’amant,
L’ombre de la maîtresse
Traîtresse
S’avance tranquillement.
Plus loin, une bouteille
Très vieille,
Dont on a bu le cognac,
Sur le pavé qui glisse,
Esquisse
Une marche ab hoc ab hac
Un fantôme revêche,
La dèche,
Sous un chapeau défoncé
Ouvrant sa gueule énorme,
S’informe
Qui des siens est trépassé.
Le spleen diabolique
Réplique :
C’est un frêle mirliton,
L’âme d’un très chouette
Poète,
Qu’on emporte à Charenton.
La bouteille grivoise
Dégoise
J’ai ramolli son cerveau.
Oh ! dit la femmelette
Squelette,
Mes flancs furent son caveau.
Les guitares, boiteuses
Chanteuses,
Grinçant avec désespoir
Geignent : La poésie
Transie
Est un lugubre éteignoir.
Or, ma carcasse infâme,
Sans âme,
Sortant du fond des égouts,
Regarda d’un air bête
Ma tête
Aller au pays des fous.
Depuis lors, par la ville
Servile
Et parmi les libres champs,
Comme en terre étrangère,
Seul j’erre,
Sans raison, hurlant des chants.
Fleurs du bitume