Devant deux portraits de ma mère

Emile Nelligan
par Emile Nelligan
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Ma mère, que je l’aime en ce portrait ancien,
Peint aux jours glorieux qu’elle était jeune fille,
Le front couleur de lys et le regard qui brille
Comme un éblouissant miroir vénitien !

Ma mère que voici n’est plus du tout la même ;
Les rides ont creusé le beau marbre frontal ;
Elle a perdu l’éclat du temps sentimental
Où son hymen chanta comme un rose poème.

Aujourd’hui je compare, et j’en suis triste aussi,
Ce front nimbé de joie et ce front de souci,
Soleil d’or, brouillard dense au couchant des années.

Mais, mystère du coeur qui ne peut s’éclairer !
Comment puisje sourire à ces lèvres fanées !
Au portrait qui sourit, comment puisje pleurer !

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Emile Nelligan

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