La chanson de l’ouvrière – (a Denys Lanctôt)
Les heurs crèvent comme une bombe ;
A l’espoir notre jour qui tombe
Se mêle avec le confiant.
Pique aiguille ! assez piqué, piquant !
Les heurs crèvent comme une bombe.
Icibas tout geint, casse ou pleure ;
Rien de possible ne demeure
A ce qui demeurait avant.
Pique aiguille ! assez piqué, piquant !
Icibas tout geint, casse ou pleure.
Je suis lasse de cette vie,
Je veux dormir, ô bonne amie,
Laissemoi reposer, assez !
Non, pique aiguille ! assez piquant, piqué !
Je suis lasse de cette vie.
Hâve par ma forte journée
Je blasphème ma destinée,
Feuille livide au mauvais vent ;
Un peu de sang sur mes doigts coule,
L’heure râle, pleure et s’écoule.
Ah ! mon pain me rend suffocant.
N’importe, pique aiguille ! piqué, piquant !
L’heure râle, pleure et s’écoule.
Pourquoi donc Dieu me rendil malheureuse ?
Je suis très pauvre et je vis presque en gueuse.
Hélas ! la peine est un fardeau pesant.
N’importe, pique aiguille ! piqué, piquant !
Pourquoi donc Dieu me rendil malheureuse ?
Tout dans l’abandon je le passe
Mon gagnepain passe et repasse
Dans un seul même tournement.
N’importe, pique aiguille ! piqué, piquant !
Tout dans l’abandon je le passe.
Premiers poèmes