Décembre

Émile Verhaeren
par Émile Verhaeren
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(Les hôtes)

– Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
Je frappe au seuil et à l’auvent,
Ouvrez, les gens, je suis le vent,
Qui s’habille de feuilles mortes.

– Entrez, monsieur, entrez, le vent,
Voici pour vous la cheminée
Et sa niche badigeonnée ;
Entrez chez nous, monsieur le vent.

– Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
Je suis la veuve en robe grise
Dont la trame s’indéfinise,
Dans un brouillard couleur de suie.

– Entrez, la veuve, entrez chez nous,
Entrez, la froide et la livide,
Les lézardes du mur humide
S’ouvrent pour vous loger chez nous.

– Levez, les gens, la barre en fer,
Ouvrez, les gens, je suis la neige,
Mon manteau blanc se désagrège
Sur les routes du vieil hiver.

– Entrez, la neige, entrez, la dame,
Avec vos pétales de lys
Et semez-les par le taudis
Jusque dans l’âtre où vit la flamme.

Car nous sommes les gens inquiétants
Qui habitent le Nord des régions désertes,
Qui vous aimons – dites, depuis quels temps ? –
Pour les peines que nous avons par vous souffertes.

Émile Verhaeren

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