Les espaliers
D’énormes espaliers tendaient des rameaux longs
Où les fruits allumaient leur chair et leur pléthore,
Pareils, dans la verdure, à ces rouges ballons
Qu’on voit flamber les nuits de kermesse sonore.
Pendant vingt ans, malgré l’hiver et ses grêlons,
Malgré les gels du soir, les givres de l’aurore,
Ils s’étaient accrochés aux fentes des moellons,
Pour monter jusqu’au toit, monter, monter encore.
Maintenant ils couvraient de leur faste les murs
Et sur les pignons hauts et clairs, poires et pommes
Bombaient, superbement, des seins pourprés et mûrs.
Les troncs géants, crevés partout, suaient des gommes ;
Les racines plongeaient jusqu’aux prochains ruisseaux,
Et les feuilles luisaient, comme des vois d’oiseaux.
Recueil : Les flamandes