Les horloges

Émile Verhaeren
par Émile Verhaeren
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La nuit, dans le silence en noir de nos demeures,
Béquilles et bâtons qui se cognent, làbas;
Montant et dévalant les escaliers des heures,
Les horloges, avec leurs pas ;

Émaux naifs derrière un verre, emblèmes
Et fleurs d’antan, chiffres maigres et vieux;
Lunes des corridors vides et blêmes,
Les horloges, avec leurs yeux ;

Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes
Boutique en bois de mots sournois,
Et le babil des secondes minimes,
Les horloges, avec leurs voix ;

Gaines de chêne et bornes d’ombre,
Cercueils scellés dans le mur froid,
Vieux os du temps que grignote le nombre,
Les horloges et leur effroi ;

Les horloges
Volontaires et vigilantes,
Pareilles aux vieilles servantes
Boitant de leurs sabots ou glissant
Les horloges que j’interroge
Serrent ma peur en leur compas.

Les bords de la route

Émile Verhaeren

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