L’Étoile du Berger
Un calme soir caresse au loin les belles plaines ;
L’Étoile du Berger, au fond du ciel d’été,
Comme un signe de gloire et de félicité
Resplendit sur les prés et sur les granges pleines.
Grande et droite sous le fardeau des lourdes gerbes,
Une fille aux pieds nus, d’un pas robuste et lent,
S’avance dans les champs silencieux, foulant
Les ronces et les fleurs sous ses talons superbes.
Ses yeux durs font rêver d’aventures sublimes,
Et ses bras, soulevant le sac plein de blé mûr,
Font le geste d’offrir dans le nocturne azur
À quelque dieu guerrier des dépouilles opimes.
Elle va, roidissant virilement son torse ;
Une odeur de moisson, d’herbes et de forêt
Flotte autour de sa chair farouche, et l’on croirait
Respirer dans le vent le parfum de sa force.