J’allois seul remaschant mes angoisses passes
J’allois seul remaschant mes angoisses passes :
Voici (Dieux destournez ce triste malencontre !)
Sur chemin d’un grand loup l’effroyable rencontre,
Qui, vainqueur des brebis de leur chien delaissees,
Tirassoit d’un mouton les cuisses despecees,
Le grand deuil du berger. Il rechigne et me monstre
Les dents rouges de sang, et puis me passe contre,
Menassant mon amour, je croy, et mes pensees.
De m’effrayer depuis ce presage ne cesse :
Mais j’en consulteray sans plus à ma maistresse.
Onc par moy n’en sera pressé le Delphien.
Il le sçait, je le croy, et m’en peut faire sage :
Elle le sçait aussi, et sçait bien d’avantage,
Et dire, et faire encor et mon mal et mon bien.
Vers françois