J’ay veu ses yeulx perçans, j’ay veu sa face claire
J’ay veu ses yeulx perçans, j’ay veu sa face claire ;
Nul jamais, sans son dam, ne regarde les Dieux :
Froit, sans coeur me laissa son oeil victorieux,
Tout estourdy du coup de sa forte lumiere :
Comme un surpris de nuict aux champs, quand il esclaire,
Estonné, se pallist si la fleche des cieulx,
Sifflant, luy passe contre et luy serre les yeulx ;
Il tremble, et veoit, transi, Jupiter en cholere.
Dy moy, Madame, au vray, dy moy, si tes yeulx verts
Ne sont pas ceulx qu’on dict que l’Amour tient couverts ?
Tu les avois, je croy, la fois que je t’ay veüe ;
Au moins il me souvient qu’il me feust lors advis
Qu’Amour, tout à un coup, quand premier je te vis,
Desbanda dessus moy et son arc et sa veüe.
Vingt neuf sonnetz