Je veux qu’on sçache au vray comme elle estoit armee
Je veux qu’on sçache au vray comme elle estoit armee
Lors qu’elle print mon coeur au dedans de son fort,
De peur qu’à ma raison on n’en donne le tort,
Et de m’avoir failli qu’elle ne soit blasmee.
Sa douceur, sa grandeur, ses yeulx, sa grace aimee,
Fut le reng qui premier fit sur moy son effort ;
Et puis de ses vertus un autre reng plus fort,
Et son esprit, le chef de ceste grande armee.
Qu’eusseje fait tout seul ? je me suis laissé prendre ;
Mais à son esprit seul je me suis voulu rendre.
C’est celuy qui me print, qui à son gré me méne,
Qui de me faire mal a eu tant de pouvoir :
Mais puis qu’il faut souffrir, je me tiens fier d’avoir
Une si grand’ raison d’une si grande peine.
Vers françois