L’absence
Huit jours sont écoulés depuis que dans ces plaines
Un devoir importun a retenu mes pas.
Croyez à ma douleur, mais ne l’éprouvez pas.
Puissiez-vous de l’amour ne point sentir les peines !
Le bonheur m’environne en ce riant séjour.
De mes jeunes amis la bruyante allégresse
Ne peut un seul moment distraire ma tristesse ;
Et mon cœur aux plaisirs est fermé sans retour.
Mêlant à leur gaîté ma voix plaintive et tendre,
Je demande à la nuit, je redemande au jour
Cet objet adoré qui ne peut plus m’entendre.
Loin de vous autrefois je supportais l’ennui ;
L’espoir me consolait : mon amour aujourd’hui
Ne sait plus endurer les plus courtes absences ;
Tout ce qui n’est pas vous me devient odieux.
Ah ! vous m’avez ôté toutes mes jouissances ;
J’ai perdu tous les goûts qui me rendaient heureux.
Vous seule me restez, ô mon Éléonore !
Mais vous me suffirez, j’en atteste les dieux ;
Et je n’ai rien perdu, si vous m’aimez encore.