Le songe

Évariste de Parny
par Évariste de Parny
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Tableau III.

Le sommeil a touché ses yeux ;
Sous des pavots délicieux
Ils se ferment, et son cœur veille,
À l’erreur ses sens sont livrés.
Sur son visage, par degrés,
La rose devient plus vermeille ;
Sa main semble éloigner quelqu’un ;
Sur le duvet elle s’agite ;
Son sein impatient palpite,
Et repousse un voile importun.
Enfin, plus calme et plus paisible,
Elle retombe mollement ;
Et de sa bouche lentement
S’échappe un murmure insensible.
Ce murmure plein de douceur
Ressemble au souffle de Zéphyre,
Quand il passe de fleur en fleur ;
C’est la volupté qui soupire ;
Oui, ce sont les gémissements
D’une vierge de quatorze ans,
Qui, dans un songe involontaire,
Voit une bouche téméraire
Effleurer ses appas naissants,
Et qui dans ses bras caressants,
Presse un époux imaginaire.

Le sommeil doit être charmant,
Justine, avec un tel mensonge ;
Mais plus heureux encor l’amant
Qui peut causer un pareil songe !

Évariste de Parny

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