T’aimer est le bonheur suprême
Oui, j’en atteste la nuit sombre
Confidente de nos plaisirs,
Et qui verra toujours son ombre
Disparaître avant mes désirs ;
J’atteste l’étoile amoureuse
Qui pour voler au rendez-vous
Me prête sa clarté douteuse ;
Je prends à témoin ce verrou
Qui souvent réveilla ta mère,
Et cette parure étrangère
Qui trompe les regards jaloux ;
Enfin, j’en jure par toi-même,
Je veux dire par tous mes Dieux,
T’aimer est le bonheur suprême,
Il n’en est point d’autre à mes yeux.
Viens donc, ô ma belle maîtresse,
Perdre tes soupçons dans mes bras.
Viens t’assurer de ma tendresse,
Et du pouvoir de tes appas.
Cherchons des voluptés nouvelles ;
Inventons de plus doux désirs ;
L’amour cachera sous ses ailes
Notre fureur et nos plaisirs.
Aimons, ma chère Éléonore :
Aimons au moment du réveil ;
Aimons au lever de l’aurore ;
Aimons au coucher du soleil ;
Durant la nuit aimons encore.