Le botaniste est amoureux
Aujourd’hui rien n’y fait,
Le botaniste est amoureux.
La garance s’accroche à ses basques.
Les millefeuilles mille fois crient.
Scintillent les gouttes de rosées de l’alchémille.
Les campanules s’agglomèrent,
Et l’air embaume le chèvrefeuille.
Aujourd’hui rien n’y fait,
Le botaniste est amoureux.
Certaines plantes, pour attirer son attention,
Se sont données beaucoup de mal.
Colchiques et crocus en fleurs,
Dans le même champ, en plein été !
De loin en loin, un lys martagon domine de la tête,
Les joues moussues des silènes acaules.
Le trèfle d’eau s’est mis au sec
Au milieu du pré.
Mais non, rien n’y fait,
Le botaniste est amoureux.
Et frétille la fritillaire,
Mirent les miroirs de Vénus,
S’agitent les sagittées,
Enivrent les absinthes,
Sonnent les sabots,
Galopent les voyageuses,
Nappent les aconits,
Tissent leur toile les joubarbes,
Prient les benoîtes,
Répondent les hallers,
S’opposent les feuilles des saxifrages,
S’agglutinent les primevères.
Vraiment, rien n’y fait,
Le botaniste est amoureux.