La comparaison, mot provenant du latin comparatio désignant l’« action d’accoupler », est une figure de style consistant en une mise en relation, à l’aide d’un mot de comparaison appelé le « comparatif », de deux réalités appartenant à deux champs sémantiques différents mais partageant des points de similitudes. La comparaison est l’une des plus célèbres figures de style. Elle ne doit pas être confondue avec la comparaison grammaticale.
Ce vers de Charles Baudelaire : « La musique souvent me prend comme une mer ! » (La Musique, Les Fleurs du mal, 1840) constitue une comparaison, dans laquelle la musique et la mer sont dans un rapport d’analogie, au moyen du comparatif « comme ». Les deux réalités sont appelées le « comparant » (dans cet exemple : la mer) et le « comparé » (la musique) et elles partagent en effet au moins un sème : l’ondulation est ici le point commun entre la mer et la musique et toutes deux « bercent » le poète.
La comparaison est une figure très courante en littérature, en poésie ou encore au théâtre. Contrairement à la métaphore, elle exprime directement et explicitement le lien symbolique entre les deux réalités comparées, en utilisant un terme de comparaison, élément qui permet de la distinguer de cette autre figure d’analogie avec laquelle elle est souvent confondue. Ressource privilégiée du langage poétique, très utilisée par dérision ou ironie, elle permet aussi de faire progresser l’argumentation et de donner à voir des réalités difficiles à définir autrement qu’au moyen du langage figuré.
Figure au pouvoir suggestif puissant, la comparaison rhétorique participe d’une reconfiguration possible du monde en faisant apercevoir les correspondances émanant de la subjectivité du locuteur. Proche de la métaphore, elle « permet de défigurer momentanément, par l’entremise du comme, la réalité pour laisser entendre ses possibles au sein d’une petite fiction poétique. » Le mouvement surréaliste l’utilise préférentiellement, pour rompre l’intelligibilité inhérente au langage.
Définition
Le mot comparaison provient du substantif latin comparatio désignant l’« action d’accoupler, d’apparier ». Selon Anne Quesamand, le verbe latin comparo, signifiant « apparier », « accoupler », est l’étymon du mot comparaison. Cette forme latine se décompose en « cum », qui est le préfixe signifiant « ensemble », « avec » alors que « paro » est un verbe équivalent à « procurer », « munir ». Ce dernier provient de la racine « par » : « égal ». Pour A. Ernout et A. Meillet, l’étymologie indo-européenne de « par » demeure opaque, même si une proximité avec la famille de « pariô, para, pars » est envisageable. Le sens de cette racine demeure toutefois inconnu. Selon le Dictionnaire historique de la langue française, le terme est un emprunt francisé du latin comparatio attesté en français depuis 1174 et spécialisé comme figure de style depuis 1268.
Comparaison simple et comparaison figurative
Selon Bernard Dupriez, il existe deux types de comparaisons. La première, la comparaison simple introduit un actant grammatical supplémentaire ; elle ne constitue pas une image littéraire. La seconde, la comparaison figurative introduit quant à elle un qualifiant et constitue une figure d’analogie. La première permet de développer le prédicat de la comparaison alors que la seconde, à dimension rhétorique, permet de développer les comparants. Paul Ricœur distingue également les deux types de comparaisons ; il nomme celle à l’expressivité figurative la « comparaison-similitude ». Ricœur parle aussi de comparaison « qualitative » (en opposition à celle « quantitative » : « plus, moins, aussi…que »).
Toutefois, opposer un comparatif) et la comparaison rhétorique élude un rapprochement possible bien que subtil. Dans la comparaison rhétorique en effet, « on peut poser le mot « comme » à titre de représentant du comparatif ». De plus, dans certains types de comparaisons, le terme de rapprochement (« égal à », « aussi semblable à ») indique un degré, de la même manière que dans la comparaison grammaticale. Selon Françoise Douay-Soublin, en français, « lorsque deux adjectifs sont comparés, l’expression du degré est obligatoire », comme dans : « aussi bête que méchant », « plus bête que méchant » ; elle en déduit que « « comme » n’est pas un représentant suffisant du comparatif puisqu’il y a des comparaisons dans lesquelles on ne peut pas l’employer. »