Du courage ?…
Du courage ? Mon âme éclate de douleur.
Cette vie me déchire. Je ne puis plus pleurer.
Qu’y a-t-il, qu’y a-t-il, qu’y a-t-il, dans mon cœur ?
Il est silencieux, terrible et déchiré.
Pourtant qu’avais-je fait que de fumer ma pipe
devant les doux enfants qui jouaient dans la rue ?
Un serrement affreux me casse la poitrine.
Je ne puis plus railler… C’est trop noir, trop aigu.
Ô toi que j’ai aimée, conduis-moi par la main
vers ce que les hommes ont appelé la mort,
et laisse, à tout jamais, sur le mortel chemin,
ton sourire clair comme un ciel d’azur dans l’eau.
L’espoir n’existe plus. C’était un mot d’enfance.
Souviens-toi de ta triste enfance et des oiseaux
qui te faisaient pleurer, tristes dans les barreaux
de la cage où ils piaillaient de souffrance.
Aimer. Aimer. Aimer. Abîmez-moi encore.
Je crève de pitié. C’est plus fort que la vie.
Je voudrais pleurer seul comme une mère douce
qui essuie avec son châle la tombe de son fils.
1897.