La Fièvre
Les genêts luisent dans la lande désolée ;
Sur l’ocre des coteaux la bruyère est de sang :
Mais tu ne peux guérir mon cœur triste où descend
Le souvenir de ma pauvre enfance en allée.
Viens : elle est d’émeraude et d’argent la vallée ;
Douce comme ta voix, l’eau chuchote en passant,
Et clair comme ton rire est l’angélus croissant ;
Fraîche comme ta bouche est la mousse mouillée.
J’ai la fièvre : Viens là, près de ces romarins,
Près de ce puits glacé que ronge l’herbe fraîche ;
Viens, pleurons et mourons, fillette aux yeux sereins ;
Nous sommes las : moi, las de sentir une brèche
En mon cœur mort d’amour lors de son mois de mai,
Toi, lasse en ton printemps de n’avoir pas aimé.